L’été dernier, je suis partie deux mois sur l’île des Dieux… une destination idéale pour aller à la rencontre des guérisseurs qu’on appelle là-bas balian. Laisse-moi, le temps d’un article, être ton guide touristique spéciale « guérisseur ».

Bali est une terre incroyable pour les occidentaux en quête de spiritualité. C’est d’ailleurs une des raisons qui poussent des milliers de personnes à venir la visiter et même tout quitter pour venir s’y installer.

Afficionados du yoga, citadins usés en manque de douceur de vivre, tu trouveras là-bas de quoi apaiser ton mal de vivre contemporain.

Moi-même, je dois dire que j’y suis allée pour trouver une culture dans laquelle la douceur est de vivre, la chaleur et la générosité des gens  contrecarrent  le monde sur-excité et pressurisant dans lequel on baigne en Occident.

Car la douceur, la gentillesse et l’hospitalité de Bali restent une délicieuse réalité.

Malgré le tourisme de masse, l’île a su conserver, de génération en génération, ses rites traditionnels et un ancrage spirituel très fort ! La religion dominante est l’hindouisme et les balinais sont pour la plupart très croyants et pratiquants.

Leur journée est ponctuée par des rituels religieux : les offrandes déposés devant chez soi et au temple, les bâtons d’encens qu’ils font brûler plusieurs fois par jour chez eux, devant leur maison, sur le perron des magasins…

Ces attentions quotidiennes, lorsqu’elles sont réalisées avec sincérité, nourrissent une relation très forte au sacré. C’est sûrement ce qui peut intriguer ou attirer des européens qui, à force de matérialisme et d’esprit « cartésien » ont laissé en déshérence leur nature spirituelle.

Bali est également connu pour être un vivier de guérisseurs.  Faut dire qu’ils ont très bonne presse là-bas. Mieux encore, ils s’inscrivent complètement dans la société et sont très respectés.

Bien qu’ils exercent des capacités qui peuvent sembler encore incroyables pour beaucoup, ce ne sont pas des êtres marginalisés. Au contraire, ils sont consultés au même titre qu’un médecin de famille dans notre culture.

L’ancrage spirituel du balinais va de pair avec une ouverture d’esprit quant à des pratiques de guérison dite spirituelles.

Depuis un an, j’avais en tête de leur rendre une petite visite. Avoir l’occasion de les observer, d’échanger avec eux et d’approcher leur mode de vie.

Chaque village a au moins un ou plusieurs « balians ». Souvent, mieux vaut venir tôt le matin pour espérer bénéficier d’un soin. A 9h, il y a déjà la queue au portillon pour certains !

Pendant mon séjour, je me suis renseignée aux quatres coins de l’île sur les guérisseurs que je pouvais croiser. La plupart ne parlent pas bien anglais, mais, en totale exclusivité, voici ce que je peux te livrer sur leurs conceptions et leurs pratiques.

     

 

1) UNE SPIRITUALITE ANCREE

 

La spiritualité n’est pas compartimentée, isolée du reste du quotidien comme un aspect clandestin ou secret de la vie. Fidèlement, le guérisseur pose des actes tout au long de la journée pour assurer protection et honorer la nature divine de la vie. Ils cultivent ce sentiment du sacré et du divin en conscience chaque jour qui passe.

Ainsi, vie matérielle et spirituelle s’épousent harmonieusement.

Souvent en prise avec la terre, ce sont des personnes qui nourrissent un lien très fort avec les forces de la nature et les forces du divin, (les énergies telluriques et cosmiques). Symboliquement, le balian pourrait représenter un arbre, grand, puissant, dont les racines s’enfoncent en profondeur dans la terre.

Les balians sont des modèles de trait d’union terre-ciel. Tous, sans exception, se reconnaissent par leur foi, leur pratique est associée à une discipline méditative, des rituels de connexion énergétique et un grand lâcher prise.

    

 

2) LA MEDITATION COMME MODE DE VIE

 

La méditation, dont on entend maintenant parler à tout bout de champ rythment la journée des balians que j’ai pu rencontrer. De même que les offrandes au divin que les balinais font plusieurs fois par jour, les guérisseurs balinais se réservent des temps de méditation pour apprécier le cadeau de la vie, rester en connexion avec les éléments et se régénérer.

La méditation n’est pas une pratique ponctuelle associée au bien-être et au lâcher-prise, penses-tu qu’ils aient réellement besoin de relâchement ! Non, les souffles méditatifs s’inscrivent comme des portails énergétiques, une reliance à l’énergie de vie pour se recharger et honorer le divin en eux.  Ils prennent soin de leur temple intérieur en prenant le temps de vider chaque jour leurs poublelles intérieures (émotions polluantes).

Par ailleurs, il est conseillé de méditer à minuit, avant d’aller se coucher pour se libérer des poids ressentis dans la journée et se nettoyer. L’esprit reste « frais » pour épouser la vie le lendemain.

 

 

3) L’HUMILITE FOR EVER

 

A Bali, les balians sont très respectés des balinais qui les consultent. Pour autant, cela ne fait pas d’eux des hommes à part, élevés à un rang supérieur ou vénérés.

Leur force n’a rien d’exubérant, elle est discrète. Ils se reconnaissent par leur humilité et leur sagesse. Il n’y a pas d’emphase, rien d’ostentatoire, bien loin de toute quête de pouvoir ou de reconnaissance.

Ils vivent bien souvent en toute simplicité, chichement, parmi les leurs et accueillent toute la journée ceux qui ont besoin de soins. Tout le monde, sans distinction, défile devant le guérisseur. L’humilité est un gage de sérieux et d’équanimité et le guérisseur accueille l’autre, sans juger.

 

 

 4) LE SOURIRE DANS LE COEUR

 

Je n’oublirai pas ce guérisseur, de son nom Mangku Mastra, qui m’a fait  un « chakra massage ». Il dégageait une énergie tonique et généreuse. Le soin reçu a été une expérience saisissante et l’échange qui a eu lieu par la suite a marqué ma conscience.

 Je crois en effet qu’en quelques mots, il m’a transmis le conseil le plus puissant, le plus essentiel qui soit lorsqu’on veut aider les autres.

 

« Keep the smile in the heart. »

 

Littéralement, garde le sourire dans ton cœur. Au sens propre comme au sens figuré. Cela veut dire, visualiser ce sourire à l’intérieur de soi, au centre de la poitrine.

Qui plus est, cette pratique n’est pas nouvelle, puisqu’on la retrouve dans la tradition taoiste, avec « le sourire intérieur » qui vise à sourire à ses organes.

C’est une pratique étrange pour nous, et normale pour ceux qui ont en connaissance et qui l’appliquent dans l’amour de soi et le respect du vivant.

C’est une pratique qui parait extrêmement simple mais ne sous-estime pas sa puissance ! Le sourire intérieure, c’est comme la méditation, on sent qu’une « rénovation intérieure » a lieu jour après jour.

Je la recommande à n’importe qui pour ses bienfaits réels ! Essaie-le plusieurs fois, et tu pourras intégrer le bonheur curatif que cela peut générer de rester quelques instants à donner son attention à son cœur et l’ouvrir en utlisant la visualisation.

 

 

 5) JAMAIS SANS MON MANTRA

   

Tous ont leur façon propre de procéder mais aucun n’envisage de donner les soins sans réciter des mantras traditionnels hindouistes ou chanter des prières en faveur de la guérison. Les balians sont très connectés et leur chant, leurs prières pendant le soin sont comme des courants de force orientés pour réanimer et réaligner le ressources présentes en l’autre. Ce sont des espaces puissants de libération, la thérapie opère par des voies de communication corporelles, (toucher), et vibratoires (sons, voix) qui induisent une énergie forte.

 

Ici, avec Mangku Mastra.

 

   6) L’ENERGIE PARTICULIERE DU GUERISSEUR

 

Parlons d’énergie quand même. Pour toute personne un tant soit peu sensible, le guérisseur se remarque par l’énergie particulière que l’on peut sentir à son contact !

C’est d’abord un regard doux et profond que l’on croise, il sait regarder les autres avec humanité. Une vraie douceur et une impression de paix intérieure se distinguent.

Etrange à dire mais on sent un champ énergétique sain, propre et vaste comme si leur présence était déjà un don de soi qui venait réconforter et panser les entailles de l’âme.

C’est bien normal car le guérisseur travaille chaque jour sur son énergie. Qu’est-ce qui le rend aussi pétillant ?

C’est sûrement parce qu’il sait donner sans compter, sans calcul. Il se voit comme une « source illimitée d’échanges » au sein du monde. Il éprouve une joie réelle à donner et reconnait ce sentiment avec gratitude.

Si vous allez à Bali, je vous conseille de faire la rencontre de l’un d’entre eux, il suffit de demander autour de vous, aux locaux qui les connaissent bien, vous pourrez les consulter ou bien les voir à l’œuvre en public.